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"Gaullisme et centrisme"
Gérard Lafay

Professeur Sciences économiques - Février-mars 2007

 

Il est piquant de voir François Bayrou, l'héritier spirituel de Jean Lecanuet et de Valéry Giscard d'Estaing, se réclamer du rassemblement national entrepris, au delà des partis, par le Général de Gaulle. De même, on a pu voir Jean-Marie Le Pen se dire "économiquement de droite et socialement de gauche". L'un comme l'autre ont compris que les Français ne veulent plus des oppositions stériles entre la droite et la gauche. Car les valeurs qu'elles incarnent, respectivement l'autorité et la justice sociale, sont en fait indissociables, et le peuple est légitimement attaché à l'une comme à l'autre.

C'est pourquoi Ségolène Royal a pu faire illusion, un temps, lorsqu'elle avait paru s'écarter de la logique du PS. En étant encadrée maintenant par les éléphants, elle perd tout ce qui faisait son originalité. Symétriquement, les Français ne sont pas dupes du vernis pseudo-gaulliste qu'avait apporté Henri Guaino, au risque de désorienter les partisans les plus déterminés de Nicolas Sarkozy, afin de dissimuler son fonds idéologique inspiré du modèle de George Bush. Il est d'ailleurs curieux de voir l'un de ses partisans, Alain-Gérard Slama, proclamer dans Le Figaro la nécessité d'avoir deux visions antagonistes de la société, à l'inverse de la logique gaulliste dont se réclamait naguère le RPR.

Certes, cela ne signifie pas qu'il ne doive plus y avoir qu'un seul mouvement politique, même s'il est parfois nécessaire de recourir à l'union nationale dans une situation d'urgence. Mais, dans une démocratie apaisée, ces deux formations peuvent partager les mêmes idées sur l'essentiel, divergeant surtout en ce qui concerne les équipes mises en place, ceci afin de permettre une alternance utile. Tel était le cas, jusqu'au début des années 80, dans la démocratie américaine. Or la lente hausse du poids relatif des dépenses publiques, et par conséquent des prélèvements obligatoires, a exigé à ce moment de mettre un frein à cette dérive, ce qui explique l'arrivée au pouvoir de Ronald Reagan aux Etats-Unis (la situation était encore plus inquiétante au Royaume-Uni avant l'arrivée de Margaret Thatcher).

L'erreur ne fut pas dans ce redressement nécessaire, mais dans la naissance d'une doctrine néolibérale de plus en plus intransigeante, étendue maintenant à l'échelle de la planète entière par la mondialisation. Le résultat en est, aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, un accroissement considérable des inégalités sociales, allant à rebours de la tendance observée auparavant depuis un siècle. Dans les pays développés, seule une petite minorité s'enrichit de plus en plus, cependant que le plus grand nombre des salariés voit son pouvoir d'achat stagner, voire décliner, l'alignement international se faisant vers le bas.

Dans ce contexte, l'extrémisme ultralibéral d'une partie de l'UMP nourrit l'extrémisme gauchiste des alliés naturels du PS. Le clivage droite-gauche tend à s'affirmer dans les discours. Mais en refusant de dénoncer les Traités qui nous ligotent, ces partis se condamnent en fait à la même impuissance, qu'ils partagent tous deux avec le centrisme à la Bayrou. Car si la logique gaulliste est plus nécessaire que jamais, deux points fondamentaux nous séparent de celui-ci.

- Le général de Gaulle fondait toute politique de redressement sur la volonté nationale. Or le centrisme poursuit la chimère de l'européisme supranational, qui explique le carcan entravant toute tentative de redressement, et qui dilue l'Europe dans l'atlantisme et le mondialisme. Encore peut-on remarquer que, de ce point de vue, Bayrou est moins anti-gaulliste que Sarkozy : il admet qu'une révision du projet de pseudo-constitution, rejeté par le peuple français le 29 mai 2005, ne pourrait pas être adoptée sans un nouveau referendum.

- Le général de Gaulle manifestait une volonté effective de réforme. A l'inverse, l'arrivée au pouvoir de Bayrou signifierait le retour aux compromis boiteux de la quatrième République. Il a d'ailleurs fait la preuve de son inefficacité comme Ministre de l'éducation nationale. La partie la plus négative de son intervention, lundi 26 février au soir sur TF1, fut celle où il refusait de condamner la méthode globale de lecture et prétendait poursuivre son alliance avec les syndicats rétrogrades, adeptes du pédagogisme.

Si pouvait parvenir, au second tour de l'élection présidentielle, un candidat rejetant le clivage droite-gauche, il serait sûr d'être élu, tant est grande la lassitude des Français. Cela aurait pu être le cas de Jean-Pierre Chevènement, s'il n'avait pas été entravé par une mauvaise campagne. Cette année, ce pourrait être le cas de François Bayrou, s'il n'est pas rattrapé par ses erreurs antérieures. Je préfèrerais évidemment, et de beaucoup, que ce soit Nicolas Dupont-Aignan...

 

 

 


 

 

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